Architecture du mur

Architecture du mur

Les murs des façades ont une organisation architecturale dans laquelle les éléments toujours présents sont les percements et les protections contre les eaux au niveau des rives des toitures. Des parties structurelles de l’organisation des murs peuvent aussi exprimer une architecture: chaînes, jambes, etc.

Enfin, un décor architectural en général associé à l’appareil du mur peut signifier l’appartenance à une époque et exprimer le programme et l’ambition de la construction à l’origine ou à un moment important par la restauration peutêtre tardive dont il a été l’objet.

LES PERCEMENTS

Les percements sont les soupiraux, les portes, les fenêtres, les oculus ou œils-de-bœuf, etc. A l’exception des oculus ou œils-de-bœuf, dont le tracé est rond ou ovale, toutes les baies possèdent deux piédroits et un linteau.

Outre la proportion du percement, c’est la structure des piédroits et du linteau, droit ou en cru, ainsi que le dessin de l’ébrasement, qui donnent son caractère à la baie.

De nombreuses solutions ont été mises en œuvre pour réaliser les encadrements des baies: l’encadrement complet, où les seuls piédroits ou le seul linteau peuvent être en pierres de taille; les piédroits peuvent être montés en maçonnerie ordinaire et le linteau en bois; de plus, lorsqu’il y a utilisation des pierres de taille, elles peuvent appareiller l’ensemble de l’encadrement, tableau et ébrasement, ou bien- n’appareiller que le tableau et le linteau.

Les encadrements avec utilisation de la pierre de taille

C’est essentiellement dans les maçonneries de commande que la pierre de taille appareille la totalité de l’encadrement, y compris l’ébrasement et l’arrière-linteau.

Dans les maçonneries ordinaires, la pierre de taille lorsqu’elle est utilisée n’appareille en général que le tableau, le linteau et l’appui ou le seuil. Ces pierres d’appareil, dont l’épaisseur correspond à celle d’un des parements du mur double, sont souvent harpées au niveau de l’ébrasement avec les deux parements du mur double : les piédroits constituent alors une chaîne sur laquelle va porter le linteau, qui peut être un arc, une plate-bande appareillée ou une pierre monolithe; un arrière-linteau ou une arrièrevoussure ferme la partie haute de l’ébrasement. Dans certaines maçonneries ordinaires, la structure est bien différente et peut être à l’origine de nombreux désordres car les pierres d’appareil de l’encadrement ne sont parfois harpées qu’avec un seul parement du mur double, voire avec aucun d’entre eux; le risque est alors assez grand que, à la suite d’un tassement vertical de la maçonnerie ordinaire, les piédroits ne flambent et se dissocient peut-être gravement de la maçonnerie courante du mur.

Si les pierres d’appareil ne sont harpées qu’avec un seul parement du mur, les piédroits peuvent se dissocier de la maçonnerie courante du mur.

Les encadrements sans utilisation de la pierre de taille

C’est une solution fréquente en maçonnerie ordinaire où 1’« effet» d’encadrement de la baie est donné par un champ périphérique coloré. Les piédroits en maçonnerie ordinaire sont mon-

tés en forme, avec tableau, feuillure et ébrasement jusqu’au niveau de pose des linteaux et arrière-linteaux, qui sont très souvent en bois (équarris ou non) et seront recouverts par l’enduit de la façade après avoir été bardés de pointes ou marqués d’entailles superficielles.

Déformations des percements

Quelle que soit la solution technique adoptée, la baie est un point faible dans l’organisation du mur et va lui donner une capacité accrue de déformation.

En effet, les percements rectangulaires deviendront très facilement des parallélogrammes, d’autant plus facilement que les baies sont souvent verticalement alignées dans l’ordonnance de la façade et que leurs allèges sont en maçonnerie simple dans les murs doubles; les fenêtres supperposées forment alors une sorte de «coup de sabre» dans l’organisation du mur. L’évolution vers un parallélogramme des rectangles des baies a géométriquement tendance à diminuer leur largeur.

Toutefois, comme la cohésion interne des maçonneries des trumeaux est très supérieure aux frottements qui retiennent le linteau sur ses appuis, celui-ci va avoir tendance à s’en désengager et à faire une légère rotation dans le plan de la façade; l’enduit va être fissuré au niveau des appuis et l’eau de pluie pourra mouiller le linteau en bois et pénétrer dans le mur; lorsqu’il s’agit d’un linteau en pierres appareillées en arc ou en plate-bande, les claveaux qui vont légèrement basculer risquent de se rompre par poinçonnement, devenant ainsi plus vulnérables à l’eau de pluie.

L’ÉVOLUTION DU DÉCOR D’ARCHITECTURE

Le décor d’architecture signifie l’appartenance à une époque et désigne parfois le programme ou l’ambition de la construction à l’origine. Partie intégrante du mur, le décor d’architecture, outre son intérêt décoratif, permet de dater la construction et les modifications qu’elle a subies; il permet également pour qui sait le lire en association avec les informations que donne la morphologie des îlots et des quartiers, de saisir les principales étapes de la formation urbaine et son évolution.

Un des objectifs de la réhabilitation est aussi de révéler les éléments visibles ou cachés et oubliés sous les enduits, et de mettre ainsi en valeur les témoignages de l’histoire du village, du quartier ou de la ville.

Les éléments de décor permettent de dater la construction et de saisir les étapes de la formation de la ville.