LES APPUIS SUR LES MURS

LES APPUIS SUR LES MURS

Voûtements, planchers, escaliers, charpentes, prennent appui sur les murs.

_ Théoriquement, à l’exception des voûtement s, tous ces ouvrages ne transmettent aux murs que des charges verticales et les réactions des appuis n’entraînent pas de désordres.

_ La réalité est parfois différente car, à la suite de déformations aussi fréquentes que des flèches, chacun de ces ouvrages peut exercer sur les murs une poussée horizontale, appliquée au niveau des appuis et parfois dévastatrice.

Le vent exerce aussi des poussées horizontales. En milieu urbain où chaque maison abrite l’autre, les effets du vent, en particulier ceux du Mistral dans la vallée du Rhône, sont surtout sensibles au niveau des couvrements; toutefois, minimisés par les faibles pentes des versants (de 20 à 30 %), les effets du vent sur les charpentes et leurs appuis ne sont pas très importants; en revanche, les effets du vent sont destructeurs pour les couvertures dont les tuiles peuvent être déplacées et arrachées par le vent (toitures bâties et toitures lestées de pierres; cf. Charpente-couverture); un autre inconvénient du vent est qu’il fait parfois refluer à contrepente sous les tuiles, les eaux de pluie qui peuvent alors mouiller les charpentes.

Les appuis sur les murs de ces différents ouvrages vont être examinés successivement.

Appuis des voûtements

Appuis des voûtements

Les voûtes les plus fréquemment observées sont les voûtes en berceau. Elles reçoivent souvent des pénétrations en berceau au niveau des portes, des soupiraux. A la limite, lorsque le rayon de la pénétration est égal à celui du premier voûtement, on obtient une voûte d’arêtes. Certams locaux sont couverts de voûtes d’arêtes successives.

– Ce sont en général les caves qui sont couvertes par des voûtes formant le plancher du rezde-chaussée, tandis que les planchers des étages sont des planchers en bois. Dans le cas de couvrement de caves, les poussées exercées par les voûtes sur leurs appuis sont alors encaissées par les terres ou équilibrées par les poussées d’une voûte voisine.

– Dans certains cas, les pièces du rezchaussée sont également couvertes par des voûtements. Les murs ne sont plus contrebutés par les terres et on observe, en général, que le voûtement choisi est une voûte d’arête dont les poussées s’exercent aux quatre angles de la pièce, aux intersections des murs maîtres qui jouent en quelque sorte le rôle d’un contrefort. Mais parfois, les voûtements couvrant des locaux à rez-de-chaussée sont des voûtes en berceau et, si le mur n’a pas une épaisseur suffisante, on observe des désordres dont l’évolution peut provoquer l’écroulement de l’édifice (voir chapitre: les voûtements).

Que les voûtes soient d’arête ou en berceau, le principe constructif de leur enracinement dans le mur reste le même. Le parement intérieur du mur qui est au moins un mur double reçoit l’appareil naissant du voûtement qui s’en dégage et dont les premiers claveaux (ou voussoirs) sont lités dans la maçonnerie à l’origine du blocage des reins.

LE PAREMENT INTÉRIEUR DU MUR REÇOIT L’APPAREIL NAISSANT DU VOÛTEMENT

• Dans le cas de la voûte d’arêtes, l’appareil est commun avec celui du mur à l’origine des arêtes; parfois, dans ses parties hautes, la voûte ne sera plus solidaire du mur que par des harpes reliant le blocage de son extrados au mur; parfois même, aucun élément bâti autre que la rugosité du contact n’assurera de relation entre les parties hautes de la voûte et les murs.

• Dans le cas de la voûte en berceau, l’appareil est commun avec celui du mur au niveau des premières génératrices. Les solidarités mur/voûte ne sont plus assurées sur les diaphragmes que par quelques harpes ou par la rugosité du contact.

Appuis des planchers

Appuis des planchers

Les planchers sont portés par des poutres en bois qui prennent appui sur les murs. Les appuis sur les murs sont traités de manière à assurer l’assise de la poutre.

Les appuis sont caractérisés par la longueur de pénétration de la poutre et par la nature du Il coussinet li de pose de l’about de poutre.

• Dans les maçonneries à plus de deux rangs d’éléments (appareils triple, quadruple … ou maçonneries fourrées), les poutres peuvent ne pas pénétrer le mur et sont alors portées par des consoles en pierre appareillées avec le mur.

• Dans les maçonneries présentant un retrait d’épaisseur au niveau des planchers, les poutres y prennent appui et peuvent avoir leur about légèrement engagé dans le mur.

• Dans le cas le plus courant des maçonneries en appareil double, la poutre est souvent engagée à mi-mur ou pénètre parfois la totalité de l’épaisseur du mur. Engagée à mi-mur, la poutre ne met en charge qu’un parement du mur; parfois,une boutisse forme l’appui et solidarise à ce niveau les deux parements du mur.

Le coussinet d’appui de la poutre peut être constitué par du mortier de chaux, du mortier d’agasse ou du plâtre. Assez fréquemment, la surface correspondant à l’appui de la poutre est une pierre plate ou une terre cuite ou parfois une planchette de bois dur lorsque la poutre est en pin.

L’organisation de l’appui et de la pénétration dans le mur semble montrer que la ventilation de l’about de la poutre était un souci constant du constructeur :

« Et même quelques-uns laissent toujours quelque petit trou au bout des poutres par où le vent puisse la rafraîchir» in Felibien André, Des principes de [‘architecture avec un dictionnaire des termes propres, Paris, 1690.

Appuis des charpentes

Les appuis des entraits sont aménagés sur l’arase haute des murs. La ventilation des abouts, ainsi que celle de l’ensemble de la charpente, Y est donc réservée plus facilement que lorsqu’il s’agit des abouts des poutres des planchers, et les coussinets des appuis sont en général plus simplement traités que ceux des poutres.

• Dans le cas assez fréquent des bâtiments où les distances entre refends et mitoyens sont de l’ordre de 4 à 5 mètres, la charpente n’est constituée que par des pannes portant de mur à mur et dont les appuis sont identiques à ceux des poutres des planchers; la panne sablière est posée derrière la génoise, lorsqu’il Y en a une, et elle repose sur l’arase haute du mur.

• Lorsque le couvrement est exécuté avec des fermes, l’extrémité des entraits butte en général contre la génoise ou contre la corniche et n’est pas visible de l’extérieur. La liaison entre

les abouts des entraits est en général réalisée au niveau de la charpente par une sablière.

La ferme traditionnelle n’est pas un système articulé comparable à la ferme moderne dans laquelle l’entrait a la fonction d’un tirant entre les embrèvements bas des arbalétriers. L’entrait traditionnel a une forte section car il supporte directement le poinçon et sa surcharge (panne faîtière + 2,5 arbalétriers + ratio de couverture). Les maisons dont le couvrement comporte des fermes ont une certaine ambition architecturale qui s’exprime en général par la présence d’une génoise à plusieurs rangs ou par une corniche.

• Dans le cas d’une toiture avec une croupe, l’arbalétrier qui traverse fréquemment les murs et la génoise (en général rapportée tardivement) est alors traité comme un élément de l’expression architecturale: son extrémité vue est parfois sculptée et polychrome, l’appui de l’arbalétrier est réalisé au cours de sa traversée des maçonneries qui sont renforcées. par la chaîne d’angle; la face inférieure de l’arbalétrier cornporte parfois un talon formant butée dans la maçonnerie et prévenant un glissement peu probable de l’arbalétrier. Glissement improbable car outre qu’il est tenu dans l’ouvrage de charpente lui-même, l’arbalétrier a une pente très faible: pour une pente de versant à 30 %, la pente de l’arbalétrier n’est plus que de 21 %