LES DÉSORDRES DANS LE COURS DU MUR – techniques réparatrices

LES DÉSORDRES DANS LE COURS DU MUR

Ces désordres peuvent avoir toutes sortes d’origines:

– Malfaçons.

– Superpositions et juxtapositions de murs de nature différente (<< tapy» et maçonnerie de pierres).

– Restaurations maladroites.

– Effet localisé d’un désordre général.

– Désordres des eaux (pluie, eaux usées, eaux

phréatiques ).

– Poussée accidentelle d’une structure portée (voûte, plancher, charpente, escalier).

– Etc.

Pour chacun des types de désordres, les techniques réparatrices sont proposées en faisant chaque fois (sauf pour les eaux phréatiques) l’hypothèse qu’il a été par ailleurs remédié aux causes mêmes de leur apparition.

Quelles que soient leurs origines, ces désordres se ramènent à un nombre limité de types qui vont être décrits successivement: les fissures, les «coups de sabre II, les bouffements, les ventres, les corps étrangers.

Les fissures

De formes diverses et variées, les fissures sont le témoignage des efforts auxquels le mur a été soumis et dont les causes ont été supprimées. Ces fissures qui ne sont plus évolutives peuvent être simplement rebouchées avec un mortier à prise lente et sans retrait (chaux aérienne et sable tamisé).

Les coups de sabre

Les coups de sabre peuvent exister à cause d’un mauvais appareillage à l’origine dans lequel plusieurs joints verticaux sont à peu près alignés. Ce type de malfaçon, qui n’a jamais été observé sur plus de 3 ou 4 lits d’appareils superposés, n’a pas d’effet direct sur la stabilité d’une maçonnerie qui n’est plus soumise qu’à des contraintes normales.

Des coups de sabre peuvent intéresser une hauteur significative du mur, voire sa hauteur totale, lorsqu’ils résultent de la juxtaposition de maçonneries différentes sans harpage réciproque. Dans ces cas de coups de sabre dont la hauteur est largement supérieure à celle d’un étage, la technique réparatrice doit tendre à reconstituer la solidarité longitudinale du mur que le chaînage par points d’ancrage aux seuls niveaux des planchers n’assure pas intégralement.

Techniques pour réparer des fissures dans les murs:

Suivant que les maçonneries juxtaposées ont des compositions analogues ou complètement différentes, les techniques réparatrices ne sont pas les mêmes:

– Dans les maçonneries analogues juxtaposées Dans le cas où les maçonneries juxtaposées sont, comme il est fréquent, des maçonneries ordinaires à 2 rangs d’éléments, la technique suivante a été utilisée avec réussite :

Phase 1. Des épingles en fer doux (0 10) sont ancrées dans des joints verticaux préalablement affouillés à cœur et les parement correspondants des pierres sont débarrassés des traces de chaux.

Phase 2. Les joints verticaux d’ancrage sont choisis opposés dans l’une et l’autre maçonnerie et situés à une distance de 2, 3 ou 4 pierres du coup de sabre.

Phase 3. Les épingles sont placées au rythme d’une par assise et leurs ancrages sont décalés au moins d’une pierre par lit.

Phase 4. Les joints des pierres du parement chevauché par les épingles sont soigneusement dégarnis sur une largeur dépassant de 0,30 cm environ les ancrages des épingles.

Phase 5. Les épingles sont scellées en situation au mortier de ciment, le corps des épingles se trouvant à 1 ou 2 cm du parement des pierres (enrobage des aciers).

Phase 6. Les épingles et la partie préparée du mur sont ensuite «fouettées» avec un enduit de ciment dosé à 350 kg/rn> (mouiller le mur préalablement).

Phase 7. Il semble que le renforcement par des épingles peut être limité à l’équivalent d’une hauteur d’allège (1/3 de hauteur d’étage) à chaque niveau de plancher.

Phase 8. Afin d’éviter la condensation des remontées des eaux phréatiques sur l’enduit de ciment et les épingles, le coup de sabre ne sera pas renforcé dans la hauteur du rez-de-chaussée où il sera simplement rebouché au monier de chaux gâché au sable tamisé.

Les boufTements

Il Y a bouffement lorsque les deux parements du mur sont désolidarisés par une fissure intérieure au mur et parallèle à ses parements. Le bouffement est un cas grave et évolutif de flambage qui affaiblit considérablement la résistance du mur.

Technique réparatrice d’un bouffement :

Phase 1. Lorsque le bouffement se situe à la verticale d’une charge concentrée comme l’appui d’une poutre, il faut rapidement étayer la poutre afin d’éviter le flambement et la rupture du parement porteur.

Phase 2. Le deuxième étaiement va concerner le bouffement lui-même dont les limites sont «encadrées» par des planches de 34 mm d’épaisseur, posées symétriquement de part et d’autre du mur et liaisonnées par des tiges filetées, une à chaque extrémité traversant le mur avant la naissance de la déformation, serrées à leurs extrémités (tiges filetées n? 1).

Les planches vont réagir sur les parties du mur désolidarisées et exercer sur elles une pression convergente symétrique prévenant un risque d’extension du désordre et permettant d’engager la réparation.

Phase 3. Il faut alors résorber le plus possible conduits de fumée le bombement des parements et pour y arriver

 

il faut vider la fissure intérieure des déchets de mortier qui encombrent sa partie basse: l’extraction soigneuse d’une pierre sur un parement en partie basse du bouffement permettra de retirer une partie importante des déchets internes.

Phase 4. La pose et le blocage des tiges filetées n? 2 va permettre de réduire encore l’ampleur du bouffement qui sera complètement «encadré» par la pose et le blocage des tiges filetées n? 3. Si le bombement est encore important, le cadre peut être complété par la pose de diagonales fixées sur les tiges filetées n? 1.

Phase 5. L’étaiement est alors en place et la réparation consiste essentiellement à mettre en œuvre dans cette partie du mur des boutisses dont l’absence a autorisé le bouffement. Les boutisses vont être coulées en béton dans des percements traversant le mur de part en part (section du percement: une pierre).

Phase 5 bis. Toutefois, pour que le béton ne coule pas dans l’interstice entre les deux parements, les joints intérieurs seront préalablement colmatés avec du plâtre.

Phase 6. La pose de 2 boutisses pour 3 m2 (une boutisse tous les 80 cm) semble suffisante pour

prévenir un nouveau désordre. Les boutisses doivent être réalisées en 2 fois afin d’éviter d’aggraver la décohésion des parements: une première intervention permet de réaliser un percement de boutisse sur deux; après coulage de ces premières boutisses, attendre une semaine pour percer les emplacements des secondes.

Phase 7. Après dépose de l’encadrement, les joints seront refouillés et l’enduit de dégrossissage dosé à 350 kg de ciment bien fouetté en fonds – des joints.

(Fiche d’évaluation en annexe.)

Une autre solution est parfois adoptée qui consiste à étayer le mur avec un poitrail calé audessus du bouffement puis, sous ce linteau temporaire, la partie du mur avec bouffement est éliminée; elle est ensuite reconstruite en maçonnerie d’agglos ou de pierres hourdées au ciment. C’est une solution relativement coûteuse qui a pour effet d’introduire un «corps étranger» dans le cours du mur.

Enfin, une solution radicale consiste à démolir et recontruire le mur. C’est la méthode la plus coûteuse.

Les ventres

Ce sont des défauts de planéité des murs dans lesquels les deux parements sont restés au contact l’un de l’autre.

Les ventres peuvent intéresser toute la longueur ou une partie d’un mur. –

• Les ventres ‘intéressant toute la longueur d’une façade sont surtout observés dans les constructions médiévales où l’aplomb de la façade des étages est avancée par rapport à celui du rezde-chaussée.

Le surplomb des étages est fréquemmeIlt réa-

lisé par l’intermédiaire d’une sablière en bois et parfois par un ouvrage en pierres dures taillées, formant chaînage au niveau du 1er plancher et donnant l’encorbellement par un profil en quart de rond.

Il semble qu’un facteur aggravant l’effet de coupure horizontale de l’encorbellement favorable au flambage est que la façade correspondante n’est pas en général porteuse (planchers portants de refend à refend) et qu’elle a souvent été surélevée; elle est «libre» sur sa hauteur car elle n’est pas structurellement reliée aux planchers). Après vérification de la descente des charges et élimination éventuelle d’un dernier niveau rajouté, cette façade va être consolidée par la réalisation d’ancrages efficaces au niveau des planchers; le défaut de planimétrie de la façade, le ventre, restera complètement visible.

• Pour une raison identiquement structurelle, coupure horizontale du mur au niveau du plancher haut du rez-de-chaussée, le même ventre

peut être observé au niveau du poitrail des magasins.

• Des défauts de planéité ponctuels peuvent être observés qui sont en général situés au niveau des appuis. Leur cas est traité dans le paragraphe suivant: Il Les appuis d’ouvrages portés par les murs».

Les corps étrangers

Les cas les plus fréquemment observés correspondent soit à des pièces de bois horizontales formant chaînage, soit à des réaménagements tardifs des percements antérieurs.

• Les pièces de bois formant chaînage sont engagées dans un parement du mur qu’elles interrompent.

A leur niveau, une déformation du mur par flambage est fréquemment observée.

Les pièces de bois formant chaînage interrompent le parement et peuvent être à l’origine d’un flambement.

Il semble nécessaire de déposer ces pièces de bois qui n’ont plus aucune fonction structurelle de chaînage et qui risquent de provoquer un flambement du mur qu’elles coupent horizontalement.

La pièce de bois va être déposée par sections discontinues, chaque section déposée étant remplacée par une reprise en maçonnerie hourdée à la chaux.

La section voisine ne sera déposée qu’après la prise du mortier.

• Les remaniements des façades laissent souvent en situation d’anciennes fenêtres ou parties de fenêtres rebouchées avec leurs encadrements. Ainsi, on voit assez fréquemment de grands percements à meneaux du XVIe siècle modifiés au XVIIIe ou au XIXe siècle. Les maçonneries tardives de remplissage des anciens percements ont tassé différemment, et les anciens jambages et linteaux peuvent avoir des réactions provoquant des désordres ponctuels auxquels il convient de – remédier cas par cas en conservant les traces des expressions architecturales antérieures.

Les maçonneries de remplissage d’anciens percements ont pu tasser différemment et créer des désordres ponctuels.

LES APPUIS D’OUVRAGES PORTÉS PAR LES MURS

Les désordres au niveau des appuis ont en général été provoqués par des désordres dans les ouvrages portés: flèche d’une poutre la désengageant de son appui et provoquant une réac-

tion horizontale dans le mur au niveau de l’appui.

La technique réparatrice des appuis dans le mur ne va intervenir que lorsque les désordres des ouvrages portés auront été réparés.

• Lorsqu’une déco hé sion du mur sera observée au niveau de l’appui, il pourra être renforcé en y créant une boutisse en béton (cf. ci-dessus, Il Les bouffements»).

• Un cas particulier est celui des appuis des charpentes sur le mur de rive de toiture. Dans la structure traditionnelle, les chevrons qui posent sur une sablière ont leurs extrémités engagées dans la génoise. A la suite du tassement de la charpente, les chevrons poussent la génoise et la désolidarisent du haut du mur. U ne dépose soigneuse des chevrons permet, en général, de conserver la génoise et la poussée des nouveaux chevrons sera d’autant mieux contrôlée que les nouvelles pannes auront été calculées en conséquence et que la toiture avec plaques ondulées sera plus légère que la précédente (cf. chapitre «Charpente-couverture »).

Les désordres au niveau des appuis ont été généralement provoqués par les désordres dans les ouvrages portés.