Les désordres dans l’ensemble du mur

Les désordres dans l’ensemble du mur

Les déformations – dénotées en particulier par les percements et par les fissures sur les enduits anciens _ correspondent en général à des désordres de l’ensemble fondations + mur, plus ou moins associés à des désordres des voûtements, des planchers, des escaliers et des charpentes.

Le déplacement est resté sensiblement contenu dans un plan vertical

Le désordre observé correspond dans la plupart des cas, à des tassements limités dus à l’évolution structurelle «normale» sous l’effet du poids propre et de surcharges qui sollicitent l’ensemble; l’appareil du mur n’est pas désorganisé: • Lorsque la planéité et les aplombs du mur, avec ou sans fruit, sont restés voisins de son état à l’origine, le désordre peut être considéré comme étant structurellement limité à l’ensemble mur + fondations.

• Lorsque le déplacement est accompagné par des déformations avec des creux et/ou des bosses apparents sur la planéité du mur, cela signifie probablement que le désordre a provoqué des réactions des planchers, des escaliers ou des charpentes, en particulier quand ces déformations secondaires sont situées au niveau de leurs appuis. (A ne pas confondre avec la déformation ponctuelle liée à la présence intérieure d’une «pile» (évier) adossée et dont les éclaboussures, peut-être centenaires, ont profondément dégradé la structure même des mortiers et souvent complètement pourri la partie correspondante du plancher; les «piles» étaient en général situées contre les murs de façades et leurs écoulements en ont fréquemment dégradé le parement extérieur: simple gargouille mouillant plus ou moins le mur suivant le sens du vent, poteries emboîtées, engravées dans une saignée verticale ouverte dans le mur et très fréquemment rompues, les évacuations des piles sont fréquemment à l’origine du pourrissement des linteaux inférieurs, eux-mêmes générateurs de désordres limités aux baies concernées.)

Lorsque le déplacement est resté contenu dans un plan vertical et que la planéité et les aplombs sont restés voisins de l’état d’origine, le désordre est limité à l’ensemble mur-fondation.

Si des creux et des bosses sont apparents sur la planéité du mur, le désordre a provoqué des réactions secondaires au niveau des planchers, des escaliers et des charpentes.

Le déplacement dans un plan vertical a été aggravé par un basculement général ou partiel de l’ensemble du mur

Le désordre observé est plus grave que celui qui correspond à la simple «routine du vieillissement normal». Il importe alors de bien observer les déformations qui ont affecté le mur et qui correspondent à la convergence des effets de désordres successifs plus ou moins complexes:

• tassement des fondations et éventuellement rupture localisée;

• altération par les eaux du corps même de la maçonnerie, en partie basse et/ou en partie haute du mur, à la verticale d’un écoulement;

• rupture d’un arc ou d’un linteau; cette rupture résulte plus fréquemment du tassement qu’elle ne le provoque;

• poussées «accidentelles» résultant de désordres dans un plancher, un escalier, urie charpente;

• poussée insuffisamment équilibrée d’une voûte;

• etc.

Lorsque le déplacement dans un plan vertical est aggravé par un basculement général ou partiel, il importe de bien observer les déformations qui correspondent alors à la convergence des effets de désordres successifs (tassements, altération par les eaux, rupture d’un arc, etc.).

Il peut enfin arriver que les déformations expriment l’état limite de stabilité du mur

• aplomb en S (flambement);

• déformations extrêmes des percements avec ruptures mécaniques de linteaux;

• fissures et profils d’extension de parties du mur;

• appareil destructuré;

• mortier altéré par les pluies et les remontées d’humidité; .

• etc.

(Cet état limite n’a pas à être traité car il s’agit d’édifices ou de parties d’édifices qui ne seront pas normalement réhabilitées. Il devra toutefois être bien identifié.)

Les déformations peuvent exprimer l’état limite de ste bilité du mur (flambement, destructuration d’apparei altération générale du mortier, etc.). Cet état limite do; être bien identifié.

Dans le cadre des désordres affectant la totalité d’un mur, vont être examinés successivement les tassements de l’ensemble mur + fondations, les effets des contraintes sur le mortier de chaux et les informations données par les fissures.
LES TASSEMENTS DE L’ENSEMBLE MUR + FONDATIONS

Les tassements de l’ensemble du mur concernent aussi la fondation.

Ils expriment qu’il y a eu tassement du sol support.

Le tassement du sol peut avoir été provoqué par le bâtiment et les modifications qu’il a subies depuis l’origine de sa construction :

• Charges trop forte à l’origine; si le bâtiment ancien n’a pas été récemment modifié et s’il n’y a pas de causes extérieures récentes expliquant le tassement, il est probable que le désordre est stabilisé.

• Surélévation tardive augmentant la charge sur le sol; lorsque cette surélévation est bâtie à chaux et à sable, elle date au moins d’un siècle et le tassement est probablement stabilisé s’il n’y a pas de cause extérieure récente.

• Modification de la descente des charges résultant par exemple de la création d’une charge concentrée à la suite de l’ouverture en sous-œuvre de la vitrine d’un magasin effectuée sans précautions.

• Cisaillement de la semelle de fondation pour le passage de canalisations.

• Suppression de refends à la suite du remembrement de parcelles riveraines et report des charges des planchers neufs sur les anciennes façades.
le tassement du sol a été provoqué par le bâtiment, il en rechercher la cause: charge trop forte à l’origine, surelevation tardive, modification de la descente des charcisaillement de la semelle de fondation, suppression de refends, etc.

Le tassement du sol peut résulter d’une diminution de sa portance

Provoquée par des actions et des causes extérieures au bâtiment, ces causes et ces actions sont du domaine de la gestion urbaine.

• Accroissement de la teneur en eau du sol à la suite de fuites dans les réseaux.

• Ouverture de tranchées contre un mur périphérique supprimant le frottement et l’adhérence entre le mur et le sol; il Y a un risque réel de désordre lorsque le mur dégagé reçoit la poussée d’une voûte couvrant une cave.

• A proximité ou contre un mur, ouverture d’une tranchée dont le niveau du fond est inférieur à celui de la fondation: l’effet de cette pratique a pu être observé sur plusieurs bâtiments mitoyens en alignement.

• Les vibrations de la circulation peuvent provoquer de légers affaissements.

• Bien que le cas soit fréquemment cité, aucun exemple n’a été observé de l’effet destructeur des racines d’arbres d’alignement sur la structure des maisons traditionnelles; sous réserve que leur croissance soit assurée par une plantation à 3 mètres au moins des murs, les arbres semblent plutôt jouer un rôle bénéfique par rapport à la stabilité car ils contribuent fortement à diminuer la teneur en eau du sol.

Le tassement résulte de la diminution de poriance du bâtiment: fuites dans les réseaux, ouverture de tranchées urbaines, vibrations de la circulation, etc.

EFFET DES CONTRAINTES SUR LE MORTIER DE CHAUX

Dans les parties du mur qui sont «comme» consolidées par les nouvelles contraintes, on a l’impression d’observer un durcissementdeJa consistance et un accroissement de la_compacité du mortier de chaux.

Cette observation est cohérente avec la théorie de la consehdation d’un matériau plastique par expulsion de l’eau sous l’effet d’une mise en charge suffisamment lente pour que la teneur en eau puisse s’adapter à la variation de contrainte.

On peut ainsi observer les variations de la compacité du mortier de chaux suivant qu’on examine la partie haute ou la partie basse d’un mur. Même lorsqu’il s’agit d’un mortier identique, sa consistance est variable : friable en partie haute et compacte en partie basse. On croit observer parallèlement que le mortier du haut du mur, s’il est soumis au même support d’eau que celui du bas du mur, va pouvoir enabsorber davantage comme si les volumes des espaces intersticiels entre ses composants diminuaient sous l’effet des contraintes (théorie de la consolidation).

Enfin, pour avoir fréquemment observé la remarquable dureté des mo!’tiers de chaux en pied de mur ou au niveau des fondations, dans les parties qui n’ont pas été décomposées par les eaux phréatiques, on ne peut s’empêcher de penser que nous ne connaissons qu’imparfaitement l’influence du temps sur les effets des contraintes à intensité constante.

Ces contraintes dévéloppent une pression de consolidation dont les effets particuliers suries mortiers de chaux semblent très importants et peut-être inconnus; en particulier, lorsque cette pression de consolidation est appliquée depuis longtemps, depuis un ou plusieurs siècles dans le cas des réhabilitations, il se pourrait qu’elle provoque, irréversiblement ou non, un accroissement significatif de la résistance mécanique et une diminution de la perméabilité des mortiers de chaux.

La vérification de cette hypothèse pourrait constituer un programme de recherche dont les résultats devraient contribuer à rassurer les équipes responsables de projets de réhabilitation. Cette vérification permettrait également d’expliquer la résistance légendaire des « ciments» romains dans lesquels la chaux n’était pas toujours mélangée avec des pouzzolanes. Cette hypothèse est peut-être à rapprocher de la notion de te retrait hydraulique sous les charges» qui ne semble pas prendre en compte les effets suggérés ici d’une pression de consolidation.

L’accroissement de la résistance mécanique est probablement attesté par l’excellent état de conservation de maçonneries anciennes dans lesquelles, pour les constructions urbaines courantes de 4 niveaux, les contraintes en pied de mur.. au-dessus des fondations, dépassent fréquemment 4,5 bars et sont encore de 2,5 à 3 bars au niveau de la fondation filante (on est en deçà des charges limites qui, pour un béton de chaux hydraulique dosé à 200 kg, est de 8 bars et pour un dosage de 150 kg de 6 bars). La diminution de la perméabilité a pu être observ~~ au cours de la démolition de bâtiments tradmonnels ; à partir de la fondation sous laquelle le sol est relativement plus sec et plus compact que de part et d’autre du mur (effet sur le sol de la pression de consolidation), les eaux phréatiques et les remontées n’ont directement concerné et dégradé que la partie superficielle des maçonneries dont le cœur est resté relativement sec (mortier plus blanc au cœur qu’à la périphérie), là où le mortier de chaux a été totalement soumis aux contraintes et fretté par les pierres dont il remplit les volumes intersticiels.