Les murs – Fonctions des murs

les mursLes murs sont des composants fondamentaux de l’organisation urbaine qu’ils contribuent fortement à exprimer.

• Les murs font la ville dont les espaces publics sont délimités par les façades; les murs des façades font l’architecture du domaine public et contribuent à donner son caractère à la ville.

• Dans les quartiers traditionnels où les constructions sont élevées en ordre continu, le maillage des murs tisse le canevas parcellaire qui est lui-même à nouveau fortement segmenté par de nombreux refends; les murs écrivent fortement l’organisation morphologique des quartiers urbains.

• D’une maison à l’autre, les murs sont souvent continus dans leur implantation; ils sont traditionnellement fondés de la même manière et sur le même «bon sol )), quelles que soient les surcharges, qui ont d’ailleurs pu varier au cours du temps; ces murs continus, dont les structures, y compris les fondations, sont fréquemment identiques, peuvent être successivement de clôture, de façade, de refend portant un nombre variable de planchers, etc.

Ces continuités doivent être reconnues car elles expriment parfois des solidarités qui peuvent permettre de préciser un diagnostic ponctuel ou de se référer à un cas de surcharge préexistant et analogue à celui qu’on va créer. Certaines directions parcellaires «fortes )), aujourd’hui parfois aberrantes, attestent fréquemment l’existence d’un ancien ordre bâti. Outre une meilleure compréhension de l’évolution morphologique du quartier favorable à la création d’un bon projet, la connaissance de son évolution historique antérieure peut permettre de réutiliser des éléments structurels anciens (ex. : fondations d’enceintes ou de grandes demeures arasées).

Fonctions des murs

Éléments forts de la composition urbaine (les murs de Pompéi donnent encore à lire une ville romaine du début de notre ère), les murs sont aussi la condition même de l’existence de la maison traditionnelle. Ils en sont les témoignages les plus durables, et longtemps après son abandon, longtemps après la chute des toitures et des planchers, le témoignage des « quatre murs» est encore debout.

Les murs sont des composants fondamentaux de l’organisation urbaine; continus dans leur implantation, ils expriment des solidarités structurelles qui doivent être reconnues: elles permettent de préciser un diagnostic ponctuel.

Maisons traditionnelles, maisons de maçons, les murs font la maison. Pendant des siècles, jusque vers le milieu du XIX· siècle, avec les « composants» fabriqués par le menuisier et le maréchal-ferrant, en ville par le serrurier, ne mettant en œuvre que des matériaux (pierre, bois, terre cuite) et des liants (chaux, plâtre) de provenance locale ou régionale, les maçons assurèrent la maîtrise d’œuvre, la direction du chantier et la réalisation de la plupart des constructions des villes et des villages.

• Les murs ont un rôle structurel car ils conduisent les charges et les surcharges des planchers et des combles jusqu’au « bon sol» par l’intermédiaire de fondations traditionnelles, parties intégrantes du mur dont, à l’empattement et au choix des pierres près, elles ont la même structure et sont mises en œuvre avec la même chaux.

• Les murs assurent la clôture de la maison; ils reçoivent la couverture et isolent les habitants de l’extérieur.

• Lorsqu’ils sont murs des façades sur les rues, cours et jardins, les murs signifient, par leurs ordonnances, rythmes et proportions des percements, ainsi que par des structures et modénatures éventuelles, l’appartenance du bâtiment à une ou plusieurs époques et à tel type de programme.

Les maçonneries traditionnelles sont bâties en pierres et parfois en terre.

Les briques sont surtout utilisées pour les encadrements des baies (jambages, arcs des linteaux) et les cloisonnements.

Les pierres utilisées sont de nature et de dimensions différentes. Certaines maçonneries utilisent de simples pierres provenant de l’épierrage des champs (cailloux, galets … ); d’autres sont montées avec des pierres équarries en cours de chantier par le maçon qui en corrige la forme et ébauche un parement à la massette; d’autres enfin sont moulées avec des pierres de taille (intervention du tailleur de pierres) donnant au mur un parement fini, sur lequel les joints réglés créent le dessin précis de l’appareil.

Les maçonneries ne sont pas toujours homogènes et, dans certains murs, des structures particulières apparaissent qui sont destinées à former des chaînages horizontaux ou verticaux, à traiter l’encadrement des percements et, en particulier, le linteau en arc ou en plate-bande d’une porte charretière.

Dans d’autres murs, en particulier dans la hauteur du rez-de-chaussée de certains murs de refend ou mitoyens, dans des îlots urbains ou villageois, des arcs appareillés importants (2 m de rayon et plus), aujourd’hui rebouchés sur les limites des propriétés, montrent encore l’ampleur des percements qui faisaient communiquer entre elles ces diverses activités établies dans des fonds voisins. Comme si, dans les quartiers urbains et villageois créés jusque vers la fin du xv= siècle, les commerces, les réserves, les artisans, les étables et bergeries, avaient été établis au niveau d’un vaste rez-de-chaussée dont les divisions fonctionnelles avaient été flexibles et différentes de celles des habitations en superstructure. La facture en pierres appareillées extraites de carrières de ces arcs, qui supportent fréquemment des maçonneries de simples pierres provenant de l’épierrage des champs, donne l’impression de l’existence, au niveau de certains rez-de-chaussée villageois et urbains, d’un domaine commun sinon communautaire disposant d’un pouvoir assez fort pour imposer des règles précises de construction.

Ces structures particulières – chaînes, encadrements, arcs – sont en général montées avec des pierres appareillées dont le parement fini est en discordance avec celui de la maçonnerie courante du mur qui peut être destiné à être enduit.

Ces structures appareillées contribuent d’autant plus fortement à donner à la construction son caractère architectural qu’elles portent en général les éléments sculptés de la modénature.

A l’exception des murs en pierres sèches et en terre, les maçonneries rraditionnelles sont hourdées avec des mortiers de chaux. Ces mortiers à prise lente ont une dureté variable en fonction de la qualité de la chaux et de celle du sable (les deux sont, en général, produits localement), du dosage du mortier et de la présence de divers additifs (terre cuite concassée, pouzzolane, graviers, etc.)