Les percements,Les jambages,Les linteaux – DÉSORDRES ET TECHNIQUES RÉPARATRICES

LES PERCEMENTS

L’ordonnance des percements dans une façade, en particulier lorsque leur superposition agit à la manière d’un coup de sabre, va faciliter le développement de tassements differentiels entre les trumeaux et les baies lorsqu’il y a tassement du sol de fondation (cf. ci-dessus).

Au cours de ce tassement, la rotation des allègeslinteaux va provoquer des désordres dans la structure d’encadrement du percement.

La première intervention va concerner le mur dont il faut stabiliser la fondation (cf. ci-dessus). Lorsque le mur est stabilisé, les techniques réparatrices vont être appliquées à la structure d’encadrement et on est amené à résoudre les mêmes problèmes de stabilité au niveau des linteaux et des jambages que lorsque le désordre est à l’origine limité au seul percement. Encore que les interactions sont nombreuses entre les linteaux, les jambages, les seuils ou appuis, seront examinés successivement les divers éléments qui composent la structure d’encadrement du percement.

Les linteaux

Afin d’illustrer le comportement en œuvre des maçonneries traditionnelles, il est important de rappeler le cas particulier de ce linteau largement répandu et qui n’est constitué en tableau que par une simple planche: lorsque le maçon avait monté les jambages à la hauteur voulue, il posait à leur sommet, en situation de linteau, une planche de 2 à 3 cm d’épaisseur et dont la largeur était celle du tableau et, en situation d’arrière linteau, des branches presque jointives de 6 à 8 cm de diamètre, sur ce linteau précaire jouant le rôle d’un coffrage perdu, le maçon montait ensuite les assises suivantes de la maçonnerie sans appareiller ni le linteau ni l’arrière linteau.

Fréquemment, plus d’un siècle plus tard, on n’observe aucun autre désordre que celui, sans importance, de la planche du linteau qu’une flèche légère due à son propre vieillissement, a dissocié de la maçonnerie sur laquelle aucune fissure n’est visible. Dès la première amorce de flexion de la planche, la maçonnerie s’est organisée en arc de décharge franchissant la portée du linteau.

Aucun linteau de ce type n’a été observé avec une portée supérieure à un mètre; pourtant cet « exemple» semble confirmer l’hypothèse que le linteau ne porte pas le poids de la partie du mur située à sa verticale.

Quel que soit le type de linteau, il ne va supporter la charge de la maçonnerie verticale superposée qu’aussi longtemps qu’il n’aura luimême subi aucune déformation; dès l’origine d’un léger tassement, la mobilisation en arc de décharge des éléments de la maçonnerie va alléger considérablement la charge du linteau.

La réaction du mur dont les éléments s’organisent en arc de décharge est également illustrée par les nombreux exemples de linteaux droits en pierre, d’une portée de l’ordre du mètre et dont la rupture, qui n’a provoqué aucun désordre visible dans la maçonnerie, est exprimée par un déplacement relatif de quelques millimètres des deux morceaux du linteau.

Beaucoup d’autres cas sont également observés lorsque le pourrissement des appuis de linteaux en bois de portée métrique a entraîné quelques désordres dans la maçonnerie; on a l’impression que ce désordre a connu deux phases principales :

• Dans un premier temps, le pourrissement des appuis provoque un affaissement du linteau et la formation d’un arc de décharge dont la largeur est celle de la longueur du linteau en bois.

Un arc de décharge est souvent réalisé au-dessus du linteau à l’origine de la construction. Cet arc de décharge peut être visible ou caché sous l’enduit. On observe son efficacité car les linteaux ainsi protégés semblent avoir moins souffert que les autres.

Réalisés de diverses manières, les arcs de décharge construits surélèvent le cadre structurel dans lequel la fonction du linteau est de former la clôture du percement en donnant sa feuillure haute au cadre de baie.

Il y a deux familles d’arcs de décharge suivant qu’ils sont en bâti ère ou en arc:

• Décharge en bâtières ; les bâtières sont réalisées en bois ou en pierre, les lits de maçonnerie s’arrêtent contre les versants de la bâti ère sans précaution particulière au niveau du contact lits/bâtière autre que le remplissage des vides au mortier de chaux.

Décharge en arc; la décharge est tracée et construite comme un arc; les pierres qui le constituent sont soit des pierres de maçonnerie ordinaire lorsque l’enduit va recouvrir l’arc, soit des pierres dressées et appareillées lorsque l’arc va exprimer l’appartenance à une famille architecturale; l’arc est généralement tracé en arc de cercle et son centre sera situé à un niveau variable de la fenêtre suivant l’époque et l’effet architectural recherchés.

En ce qui concerne les désordres, lorsque les désordres généraux du mur sont stabilisés, les réparations des linteaux sont des interventions localisées et relativement simples car elles ne sont pas effectuées sous la charge totale de la partie du mur située à sa verticale.

Une précaution est de remplacer successivement le linteau puis l’arrière linteau; une autre précaution, lorsque la fissure soulignant l’arc de décharge est bien marquée, est d’étayer la partie correspondante du mur. Les linteaux de remplacement peuvent être en pierre ou en bois comme ils l’étaient à l’origine, ou bien réalisés avec des matériaux modernes (B.A., profilés métalliques).

Parfois dans les arcs appareillés, un claveau a glissé à la suite d’un élargissement du percement consécutif au basculement d’un des jambages. Si le basculement est déjà stabilisé ou lorsqu’il l’aura été, la remise en place du claveau pourra être effectuée simplement avec un étai de chantier, après avoir dégagé les menus gravats qui encombrent la cavité qu’il a laissée dans la maçonnerie (air comprimé). Le claveau sera ensuite calé en place avec un coulis de mortier plastique de chaux gâché avec du sable fin tamisé.

Le comportement des maçonneries associées aux déformations des linteaux montre qu’il est possible de réaliser de nouveaux percements avec une portée de l’ordre du mètre, sans prendre de précautions excessives liées au poids propre ou à la crainte de l’écroulement de la partie du mur située à la verticale. Cette observation est en contradiction avec la règle de calcul des linteaux dont le dimensionnement doit prendre en compte le poids propre et les surcharges de l’ensemble du mur situé à la verticale.

Les jambages

Le plus souvent, les jambages sont montés dans le cours du mur et avec la même maçonnerie; ils seront couverts par un enduit qui peut être traité avec une surépaisseur formant un encadrement architecturé de la baie. Homogènes avec la maçonnerie du mur, les jambages subissent les mêmes éventuels tassements et semblent ne jamais donner lieu à des désordres particuliers.

Parfois, les jambages peuvent être montés avec des pierres d’encadrement, harpées ou non dans la maçonnerie courante du mur.

Ces pierres d’encadrement ne sont pas destinées à être enduites; elles sont taillées et parfois moulurées; elles sont’ en saillie par rapport au nu de l’enduit qui recouvre le mur.

Bien qu’ils aient une apparence de grande solidité, les jambages en pierre d’appareil peuvent être dissociés du cours du mur car ils n’ont pas la même aptitude au tassement (joints maigres). On observe assez fréquemment le flambage de jambages en pierre en particulier lorsqu’un tassement différentiel entre trumeaux et baies a contribué à leur mise en charge.

Technique réparatrice du jambage:

La technique réparatrice consiste à déposer, après étaiement du linteau, une pierre sur chaque jambage (pierre non harpée). Chacune de ces pierres sera retaillée pour perdre 1 ou 2 cm de hauteur afin que le tassement des jambages ait le même jeu que celui de la maçonnerie. Elles seront remises en situation et hourdées au mortier de chaux.

Après la prise du mortier (prise lente), les étais des linteaux seront déposés.

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