LES POUTRES DE PLANCHERS D’HABITATIONS

LES POUTRES DE PLANCHERS D’HABITATIONS

En-deçà de 5,50 m de portée, il s’agit essentiellement de planchers d’habitations ordinaires. Suivant les régions de Provence, suivant les ressources locales pour les programmes ordinaires, les solivages sont de nature différente. D’une manière générale, les solivages étaient enduits au plâtre ou à la chaux également enduite (détail fréquent de la poutre ronde habillée au plâtre avec une section carrée).

Solives de section trapézoïdale

Les solives de section trapézoïdale, dite « kes », sont posées de poutre à poutre:

– leur portée est de l’ordre de 1,80 mètre;

– leur épaisseur varie de 8 à 10 cm;

– elles sont posées avec un intervalle entre elles de 5 à 10 cm.

Les kes sont ennoyées dans une aire de mortier de chaux.

Un coffrage entre chaque kes permet de couler l’aire de chaux.

Les kes sont superficiellement entaillées à la hachette pour les rendre solidaires de l’aire de chaux.

L’utilisation des «kes» est fréquente dans le Vaucluse.

Planches formant soUvage

• Dans les régions de montagne comme le haut Var, la portée entre les poutres est fréquemment franchie par des planches dont le parement supérieur est entaillé à la hachette pour les rendre adhérentes à l’aire de chaux. Ces planches sont parfois aussi entaillées à la hachette en plafond pour fixer un enduit de finition.

• Dans d’autres régions de Provence, en particulier dans la vallée du Rhône, les planches qui franchissent la portée entre les poutres sont fréquemment des planches, des bordées ou des ponts utilisés en réemploi.

Les anciens bateaux en bois de la marine étaient démontés à Marseille et les bois réutilisables en bois d’œuvre, assemblés en radeaux, étaient halés sur le Rhône jusqu’au port d’Avignon. Ces planches ont une épaisseur de 4 cm et une largeur de 0,40 m.

Elles sont bien reconnaissables grâce aux trous des chevilles qui les fixaient aux membrures des bateaux.

Dans les deux cas cités d’utilisation des planches en guise de solivage, des couvre-joints visibles en plafond, où ils peuvent constituer un élément décoratif, marquent le joint entre deux planches.

Nappes de cannes ou de branches brutes Le solivage est parfois constitué par des cannes jointives ou par des branches jointives ennoyées dans la chaux.

C’est une solution qui n’est observée que dans des constructions modestes.

Étant donnée la faible résistance de ce mode de solivage, les poutres sont alors assez rapprochées (entraxes de l’ordre de 0,90 m).
Dalles de pierre

Pour des planchers à faible portée, de l’ordre de 3,5 à 4 mètres à cause du poids propre de la solution, le couvrement de poutre à poutre est parfois assuré par des pierres plates.

Leur poids et leur portée impliquent un faible espacement entre les poutres dont l’entraxe est de l’ordre de 0,60 à 0,90 m.

Une aire de chaux permet d’assurer un bon calage des pierres qui sont préalablement ajustées au profil des poutres (fréquemment des poutres rondes) par un garnissage au mortier de chaux fixant des taquets en bois.

LES PORTÉES SUPÉRIEURES A 5,50 MÈTRES

Ce sont des solutions qui sont en général rencontrées dans des constructions de caractère exceptionnel (maisons bourgeoises ou aristocratiques, institutions, etc.)

Deux cas peuvent être envisagés suivant que la portée est comprise entre 5,5 et 8 m, ou suivant qu’elle est supérieure à 8 mètres. Les portées sont données à ‘titre indicatif. Il existe des planchers «à la française» dont la portée est inférieure à 5,50 mètres ou supérieure à 8 mètres; de même, des planchers sur arcs en maçonnerie peuvent avoir une portée inférieure à 8 mètres.

Portées comprises entre 5,5 et 8 mètres C’est par excellence le domaine du plancher dit «à la française».

En effet, la solution du solivage apparent sur poutres apparentes permet de franchir la portée tout en donnant un certain caractère au plafond nu.

Cette solution a donné ses plus belles mises en œuvre au XVIIIe siècle (plafonds polychromes avec solives et poutres peintes).

Au XVIIIe siècle, ces plafonds ont parfois été modifiés par l’addition sous le niveau des poutres d’un lattis portant un plafond lisse. Suivant la tradition, les solives sont posées avec un intervalle dont la largeur est égale à l’épaisseur de la solive. La section des solives est une section carrée ou proche du carré (12 x 12 à 16x 16).

Ce type de plancher formait les sols et plafonds  de pièces de grandes dimensions, sans divisions internes. Les poutres sont fréquemment sousdimensionnées et ont une flèche. En revanche, les solives sont en général sur-dimensionnées.

Portées supérieures à 8 mètres

Les bois d’œuvre permettant de franchir des portées supérieures à 8 mètres sont rares. Trois familles de solutions ont été utilisées: • d’une part, les entures qui permettent d’assembler bout à bout des poutres en bois;

• d’autre part, les planchers diagonaux;

• et enfin les arcs en maçonnerie qui permettent de franchir des portées assez grandes et qui portent eux-mêmes les poutres en bois.

Les entures

Ce sont des assemblages longitudinaux qui permettent d’assembler sur leur hauteur des poutres de portée moindre. L’enture la plus fréquemment utilisée est l’enture en trait de Jupiter. Parfois, les entures sont renforcées par des cerces en serrurerie.

Les planchers diagonaux

Au lieu de porter de mur à mur, les poutres sont posées à 45° dans les angles et portent l’ossature principale du plancher.

dire lorsque l’espace à couvrir est proche du carré.

Planchers sur arcs en maçonnerie

Lorsque le volume à couvrir a une hauteur assez grande, les poutres de mur à mur sont remplacées par des arcs en maçonnerie.

Le plancher en bois porte alors d’arc en arc. La distance entre les arcs doit être inférieure à la portée entre murs.

Cette solution a été surtout utilisée à l’époque médiévale dans des édifices importants et, parfois fortifiés.

Planchers sur voûtains

Les voûtains ont leurs génératrices parallèles aux poutres sur lesquelles ils reposent.

La portée des voûtains est de l’ordre de 0,90 m. Les voûtains peuvent être en chaux coffrée sur des planches formant le couchis (coffrage). Ce couchis peut être perdu et les planches restent en situation; le couchis peut aussi être déposé après la prise du mortier de chaux.

Le voûtain est parfois constitué par des cannes (bambous) juxtaposées, liées entre elles au plâ tre, et formant le coffrage perdu du voûtain. Le plancher traditionnel sur voûtain est asse, rarement utilisé.

Son poids propre est relativement important Dans toutes les parties en contact avec le mor tier de chaux, les poutres sont mal ventilées e se dégradent assez rapidement si le plancher es dans un milieu relativement humide.