PROTECTION DES MURS CONTRE LA PLUIE

PROTECTION DES MURS CONTRE LA PLUIE

Qu’il s’agisse des chaperons des murs de clôture, des passées de toiture sur les façades ou des couvrements sur les pignons, le sommet des murs est traditionnellement protégé contre les eaux de pluie.

A l’exception des murs ou parties de murs où les parements sont en pierres d’appareil, la protection superficielle du mur est assurée par un enduit.

Complètement visibles, ces protections contre la pluie contribuent fortement à donner aux façades leur aspect architectural.

Protection du sommet des murs

Les protections varient suivant qu’il s’agit d’un mur pignon ou de mur gouttereau des façades.

Murs pignons

Sur les murs pignons dont le profil en bâtière ou demi-bâtière correspond aux pentes ou à la pente de la toiture, le couvrement de l’arase du mur est assuré par les tuiles de la toiture dont la dernière, en général en couvert, vient en superposition sur une tuile de rive bâtie formant, par une légère saillie, larmier sur l’enduit du pignon.

On rencontre parfois une autre disposition dont la logique constructive est moins évidente et dans laquelle l’arase du mur au vu du pignon est couverte par une tuile en courant : la protection du sommet de l’enduit du pignon semble moins bien assurée.

MURS PIGNONS

On rencontre assez fréquemment en ProvenceCôte d’Azur (mais relativement fréquemment dans les Cévennes) une troisième solution dans laquelle la génoise de la façade se poursuit sur le pignon dont elle décrit la forme en bâtière. Les tuiles de couvert du pignon sont perpendiculaires à sa pente et leur inclinaison vers l’extérieur renvoit les eaux de pluie au-delà de la génoise de pignon.

Ce pignon est certes bien protégé mais cet avantage est acquis au prix d’un ouvrage en toiture peu fiable et compliqué, constitué par des tuiles maçonnées en discordance et en superposition.

• Murs gouttereaux des façades

Dans les constructions les plus simples et dans les constructions prestigieuses où les toitures n’ont pas été modifiées depuis le XVIIe siècle, les murs gouttereaux sont protégés par un avant-toit.

L’avant-toit est constitué par un platelage de plancher en bois portant les tuiles bâties (scellées au mortier de chaux), lui-même supporté par le dépassement des chevrons.

Cet avant-toit a un dépassement de 40 à 60 cm dans les constructions modestes. Il peut atteindre 1~60 m dans certains bâtiments anciens où il n’a pas été modifié; dans ces longues passées d’avant-toit, l’extrémité des chevrons est souvent moulurée et leur appui sur le parement extérieur du mur est parfois souligné par un bandeau de pierres.

Avant l’introduction des génoises, depuis la fin du XVIIe siècle, la sous-face de certains avanttoits était cachée par une corniche rapportée en plâtre, dont le profil en général non mouluré est souvent en quart de rond renversé ou en doucine; cette corniche était constituée par une ossature secondaire fixée sur les chevrons et scellée dans le mur, portant un lattis au profil de la corniche, elle-même réalisée en plâtre.

L’arase haute de certains murs gouttereaux est parfois constituée et protégée par une corniche moulurée. Cette corniche peut être en pierre de taille sculptée formant l’ensemble de la mouluration; parfois, le volume de la corniche n’est qu’épannelée par la maçonnerie ordinaire du haut du mur et la mouluration finale est tirée au gabarit soit en stuc, soit avec un simple plâtre.

La solution de protection la plus fréquemment adoptée pour le haut des murs gouttereaux est la génoise.

La génoise est constituée par la superposition de deux rangs ou plus de tuiles canal posées perpendiculairement au plan du mur et assurant son couvrement total ou partiel; le premier rang est en encorbellement de 10 à 15 cm par rapport au mur; chacun des rangs suivants est luimême en encorbellement de 10 à 15 cm sur le rang précédent; parfois, une assise de mallons (carreaux de terre cuite) sépare deux rangs de génoise.

Dans certaines parties de la région ProvenceAlpes-Côte d’Azur, des façades sont protégées des pluies battantes par un revêtement en tuiles plates de terres cuites vernissées, clouées sur tasseaux avec un recouvrement de l’une sur l’autre destiné à assurer l’étanchéité à l’eau; ce doublage est en général ventilé en sous-face car les tasseaux sont interrompus et ne sont pas scellés bout à bout.

Les chevrons de la toiture sont parfois engagés dans la maçonnerie de la génoise sur laquelle ils ne prennent pas appui mais dont il assurent la stabilité, aussi longtemps qu’ils ne sont pas eux-mêmes affectés par des désordres; en effet, certaines déformations de la charpente peuvent provoquer des poussées non négligeables des chevrons ou de la panne de rive sur la génoise qui peut en être déstabilisée plus moins gravement.

Un des facteurs les plus fréquents de déstabilisation de la génoise est le chantier de réhabilitation lui-même: la dépose des chevrons est d’autant moins attentive qu’une des idées reçues en matière de réhabilitation est que chaque haut de mur ancien doit être renforcé par une arase en B.A. dont la façon, fréquemment inutile, implique la démolition de la génoise.

Les enduits

Les murs ou les parties de murs en maçonnerie traditionnelle étaient en général destinés à être enduits de manière à protéger le parement contre les eaux de pluies. Cette protection est encore plus nécessaire lorsque la porosité des pierres est supérieure à celle du mortier.

Les enduits traditionnels sont tous exécutés à la chaux grasse qui était le seul liant connu (à l’exception du plâtre, parfois utilisé en un enduit extérieur mais de manière très marginale à proximité des «gypsières », où de nombreuses maçonneries sont montées en gypse parfois hourdé au plâtre).

Il existe actuellement des chaux aériennes industrielles qui ont les mêmes avantages que les chaux grasses traditionnelles. Elles ont aussi le même inconvénient, la prise lente, particulièrement ressenti sur les chantiers où chacun doit aller vite; la: prise lente accroît le risque du délavage par une pluie de l’enduit en cours ou terminé.

Les enduits à la chaux grasse ont de nombreux avantages, en particulier sur les maçonneries tradmonnelles elles-mêmes montées à la chaux et perméables à la vapeur d’eau et qui sont de plus susceptibles de subir quelques déformations :  adherence de la chaux de l’enduit à la chaux des joints sera excellente (accrochage mécanique dans l’anfractuosité du joint renforcé par un accrochage ionique chaux sur chaux);

• l’enduit à la chaux, qui a la même perméabilité à la vapeur d’eau que le corps du mur et l’enduit intérieur, ne va pas constituer une barrière de vapeur génératrice de condensations internes dégradant le mur et décollant l’enduit· • comme les mortiers de chaux grasses font leur prise sans retrait, les enduits n’ont pas de fissures de faïençage;

• perméables à la vapeur d’eau, les enduits à la chaux sont perméables à l’eau;

•. les enduits à la chaux ont une relative plasticite qui leur permet d’accompagner sans rupture des déformations limitées du mur support.

Protection du soubassement des murs

Dans la tradition, les eaux de pluie sont rarement collectées en rive de toiture par des chênaux ou des gouttières. La passée de toiture qu’elle soit en avant-toit, corniche ou génoise’ protège le mur lui-même du ruissellement mai~ ne protège pas son pied des éclaboussures. La protection contre les éclaboussures est souvent traitée par un soubassement.

• Dans les constructions les plus soignées, le soubassement, en prolongement au-dessus du sol des assises de la fondation est traité en pierres dures d’appareil montées à joints vifs 011 maigres et soigneusement parementées .

• Dans les constructions courantes, le soubassement est traité par une surépaisseur du corps d enduit qui provoque parfois des décollements o~ parfois par une surépaisseur de la maçonnene du mur dont l’ensemble sera enduit de la même manière.

On observe parfois que des dalles relativement minces de pierres (5 à 10 cm) posées en délit ont été montéés en plaquis de protection contre le mur d’origine; scellé par des pièces métalliques, ce plaquis dont la perméabilité est en général inférieure à celle du mur, forme parfois barrière de vapeur et se décolle du mur par l’altération des scellements et boursouflures du mortier qu’il devait protéger.

L’effet destructeur est encore plus grand lorsque le soubassement lui-même a été récemment refait avec un enduit au mortier de ciment.

• On observe enfin des soubassements qui n’ont d’autre objectif que la décoration: comme le sont fréquemment les encadrements de baies ils ne sont indiqués que par une couleur différente de l’enduit.